LA COMTESSE ADÈLE
En proie à la tristesse,
Ne plus goûter d’ivresse
Au sein de la jeunesse,
Souffrir, gémir sans cesse,
Voilà quel est mon sort.
Se flétrir en silence,
Nʼespérer que la mort.
Hélas, quelle souffrance.
O peine horrible!
Vous que l’on dit sensible,
Daignez, s’il est possible,
Guérir le mal terrible
Dont je me sens mourir !
Soulagez ma douleur,
Rendez-moi le bonheur.
LE CHOEUR
Calmez tant de souffrance,
Calmez tant de douleur !
LA COMTESSE ADÈLE
Faut-il mourir de ma souffrance ?
LE CHOEUR
Et que votre science
Lui rende le bonheur.
LA COMTESSE ADÈLE
Hélas, plus dʼespérance!
CHOEUR
Calmez tant de douleur !
ISOLIER
Vous avez entendu
sa touchante prière !
Voici le vrai moment,
soyez à moi, bon père !
LE COMTE ORY
Si dans mon assistance
Vous avez confiance,
Je puis en conscience
Guérir votre douleur.
Du mal qui vos dévore
La source est dans le cœur.
Aimez, aimez encore
Pour renaître au bonheur.
LA COMTESSE ADÈLE
Dʼun éternel veuvage
Un serment fut le gage,
Et jʼirais le trahir?
Plutôt, plutôt mourir.
LE COMTE ORY
Le ciel vous en dégage.
Il ordonne que de vos jours
La flamme se rallume
au flambeau des amours.
LA COMTESSE ADÈLE
Céleste providence,
Je te bénis
de ta clémence !
O bon ermite
Votre mérite
En mes beaux jours
Vivra toujours.
ISOLIER ET LE COMTE ORY
Toujours, toujours.
LA COMTESSE ADÈLE
Votre mérite
A mon secours
Viendra toujours.
Isolier, que ta présence
M’a fait naître un doux émoi.
Cher Isolier,
je veux tʼaimer,
Je ne veux aimer que toi.
Déjà je sens
Les feux brûlants
De la jeunesse
Par la tendresse
Se rallumer.
LE CHŒUR
On voit que sa parole
Paraît la ranimer.
Le mal qui la désole
Commence à se calmer.